Proposition n°4

Proposition de Margo L. : Une poule (ou un poulet) traverse la rue… Décrire la scène à la manière de...

Façon Duras :
La Poule. Elle. La poule oui, elle. De l'autre côté de la route. Soudain. Elle, la poule, de l'autre côté de la route, mais avant ceci : la poule, de ce-côté-ci de la route. Toujours. De ce côté, toujours. Avant. Et puis, lui. Un oeuf, un coq, elle n'en saura rien. Jamais. Rien, jamais, un oeuf, un coq. Soudain, elle, envolée de plumes. Elle toujours de ce côté-ci, toujours, elle, partie, pour toujours. De l'autre côté. Envolée, désespoir. L'amour - désespoir - toujours. Mais, elle : l'ombre, lui, l'envie, le désir. Et soudain, de l'autre côté. A peine trois sauts. Mais ne l'atteindra pas, l'autre côté, c'était peine perdue. Toujours, jamais.

Gaëlle

Façon chanson enfantine (extraite d'un manuel à couverture rose):

Picoti, Picota
La poule, elle traversa
Picoti, picota
Le 45 tonnes l'écrasa
Picoti, Picota
C'est dommage mais c'est comme ça
Picoti, Picota
Les poulettes doivent rester là!

Façon blague carambar:

Que dit un coq quand un 45 tonnes renverse une poule?

(Gaëlle)

Façon Haiku 1:

Une plume, en l'air
retombe
Espoir déçu.

Gaëlle

Façon Haiku 2:

Une plume, en l'air
Trace
Un autre destin

Gaëlle

Bernard G. : Chère poulettte, je me souviens de notre nuit sous la fournaise des tropiques. Dans ce bar à matelots, tu chantais pour mes beaux yeux qui te déshabillaient silencieusement. Dans cette salle enfumée, puant la sueur, le tabac et l'alcool, tu m'attendais. Je t'ai suivie dans la boue. Tu as poussé le grillage et tu as dit viens. Mon amour de poulette, conte moi l'histoire de ta triste vie. Petit poussin abandonné dans les rues de Dakar, de Kinshasa ou de Rio, tu avais traversé la rue, attirée par les lumières et la musique. La plus malfamée t'a pris sous son aile et c'est ici, dans ce bar miteux, que tu as fait ton nid. Cette nuit je te couve, je te couvre de baisers, tu glousses et tu roucoules quand je caresse ton si doux duvet de ma main d'amoureux ivre.

Margo L.

Jean Paul S. : Il s'agit d'une angoisse simple. L'angoisse de quiconque doit prendre une décision. Coq, poulet, poule, peut importe. Il ne peut pas ne pas y avoir d'angoisse chez celui qui doit prendre une décision. Cela n'empêche pas le poulet d'agir, bien au contraire. C'est cette angoisse qui le pousse à agir. Parmi toutes les possibilités, il en choisit une. Il traverse. Au delà de l'angoisse de traverser la route, il prend conscience de la valeur de son action, parce qu'elle est choisie, par lui, en dehors de tout commandement, lourde de responsabilité vis à vis de ceux et celles qui vont le suivre, ou pas. Dans ce choix, dans cet élan, dans cette traversée, il est conscient d'exister. Il n'est poulet que d'agir. Il n'est rien d'autre que ce qu'il fait : il traverse la route.

Margo L.

Paul A. : Petit amusement dans le cirque des expériences à tenter se disait le poulet et ses petites pattes s'allongeaient de plus en plus vers l'autre bord qu'il était censé atteindre mais dans le fond c'était peut-être aussi bien de rester de ce côté, renoncer à cette obligation de poulet têtu qui veut aller voir en face si l'herbe est plus verte, car de toute façon qu'avait-il à y gagner, en réfléchissant bien aux avantages et aux inconvénients, en pesant le pour et le contre, s'il devait faire l'état des lieux aussi profondément qu'observer son état d'esprit, oui, se disait le poulet, pourquoi traverser cette route ?

Margo L.

Haruki M. : Il entendait battre son coeur, les pulsations résonnant comme la symphonie n° 9 de Gustav Malher. Son plumage avait été lavé et repassé à la perfection. Sa course ne l'épuisait pas, il s'était entrainé chaque matin pour cette épreuve. Quand il passa la ligne blanche et qu'apparurent les deux soleils, il sut qu'il était arrivé à destination.

Margo L.

Luis S. : "Je vais pondre un oeuf. Avec les forces qu'il me reste je vais pondre un oeuf dans le talus d'en face. Promets-moi trois choses : tu ne mangeras pas l'oeuf, tu t'en occuperas jusqu'à la naissance du poussin et, quand il sera assez grand, tu lui apprendras à voler". Et le chat qui attendait de l'autre coté de la route promit.

Margo L.

Virginia W. : Elle se laissa glisser à demie inconsciente hors de cette herbe grasse tant de fois foulée, grattée, qui l'avait nourrie, baignée avant de se trouver de l'autre coté de la palissade, sur un sol caillouteux, au bord d'une route envahie par des éclats sonores inhabituels qui l'emportèrent.
Un instant plus tard seules quelques plumes voletaient encore.

Micheline B.

Franz K. : Le poulailler, où tout n'était plus que poussière de plumes, était encore dans l'effroi de ce qui venait de se produire et malgré cela aucune des poules ne songeait à fuir. Une seule cependant, dans un réflexe qui n'appartenait pas à son espèce domestiquée, avait rejoint le trottoir d'en face qui bordait une route de terre sans remarquer le présence d'un homme. A peine eut-elle le temps d'esquisser un mouvement de patte ergottée que celui-ci surgit, l'interpella grossièrement lui demandant son “autorisation de circuler” qu'elle ne put fournir. Elle traversa la route soulevée du sol et disparut à tout jamais.

Micheline B.

Marcel P. : Elevée dans des campagnes colorées de miliers de vert, la poule habituellement ne songe pas à quitter le lieu où la nature la conduit même si la nature en question est surtout humaine, considération inessentielle pour l'heure.... Il n'est pas impossible de croiser au détour d'une route quelques uns de ces volatiles au creux de fossés à la recherche d'une nourriture à portée de bec, picorant à droite ou à gauche, mais rarement sur les deux cotés à la fois, considération scientiste sur laquelle nous pourrons revenir... D'ores et déjà nous pouvons constater que celles qui se sont sont aventurées sur cette terra incognita que constitue l'autre coté de la route n'en sont jamais revenues pour apporter leur témoignage, ce qui a imprimé dans le psychisme de générations de poules une méfiance redoutable dès lors qu'il existe un espace quelconque à traverser, même pour un petit ver !

Micheline B.

Réponse blague Carambar:

"Mes aïe-oeufs!"

(Gaëlle)