Proposition n°2

En soutien aux libraires qui nous offrent tant et tant d'occasion d'être inspirés…
Ecrire un texte qui comprend les mots d'ordre: "Lis ! Braie! Ris !"

Jusque là je dois bien avouer que ça n’allait pas fort. J’ai achevé il y a deux ans une pénible et longue période d’études consacrées aux performances psychologiques et intellectuelles des personnes, avec apprentissage des test de QI et autres méthodes, outils de mesure…durant lesquels je n’ai pas cessé de m’interroger sur les miennes : mes propres performances, ma propre intelligence…c’était épuisant à tous les niveaux. J’ai dû partir à l’autre bout de la France pour ces études et me suis donc éloignée de tous mes amis. L’horreur. Quand je revenais en week-end, j’étais comme un coq en pâte il est vrai…mes parents et mes copines me chouchoutaient…soirées bon repas et petites attentions me comblaient. Mais voilà que c’était déjà fini, que c’était reparti….je prenais mon Otis ou mon Bonnardel dans le train ou le bla bla car du jour et je me remettais à potasser. Qu’est-ce que l’intelligence était prédictive de la performance au travail ? Est-ce qu’un faible QI rendait forcément improductif ? Mon cerveau saturait de tous ces questionnements axés sur la compétence, les performances oui, et autres mots en « ance » qui n’incluaient jamais ni transe ni danse. Une conductrice, un soir, pour détendre l’atmosphère, m’a raconté une blague : « Sais-tu quel est le comble pour un libraire ? c’est d’avoir des vers dans sa librairie ! » C’était simple, c’était tout bête…et j’ai ri. Je ne pouvais plus m’arrêter de rire. On a dû faire une pause derrière une tenture safran que ma co-voitureuse tenait derrière moi pour me protéger des regards indiscrets, afin que je soulage ma vessie qui menaçait de céder sur les coussins de la voiture. On était bien loin du cerveau performant, hyperconnecté. Et c’était si libérateur ! J’ai eu envie de devenir bête à bouffer du foin…de m’extraire de toute cette agitation cérébrale : Chhhhutttt ! Et de me reposer dans des lectures divertissantes. Je remontais dans la voiture soulagée sur tous les plans. Oui libérée. Je décidais d’aller faire un tour au libre air, chez le libraire le plus proche de chez moi, savourant ce jeu de mots simple et bon. Mon seul mot d’ordre à présent serait : Lis ! Brais ! Ris !

Gaëlle