Lirelie
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Proposition n°3 Empty Proposition n°3

Lun 13 Avr - 17:11
Petit jeu en guise de catharsis : on imagine le faire, parce que ça fait du bien de l'imaginer...mais on ne le fait pas dans le monde réel…
Quelle serait votre meilleure excuse pour expliquer à un policier que vous êtes sorti.e.s de votre domicile - et que manifestement, cette sortie n'est pas prévue par l'autorisation? (Vous pouvez donner à cette proposition la forme d'une liste).
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aimetleau
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Date d'inscription : 18/04/2020

Proposition n°3 Empty Into the wild

Sam 18 Avr - 11:32
En préambule je souhaite préciser que je ne parlerai pas d'excuses car je persiste à croire que chacun a une très bonne raison de sortir de chez soi, d'aller voir ailleurs ou de prendre l'air, pour sa santé physique et mentale, raison injustifiable au regard de l'article 3 du décret du 23 mars 2020 portant sur l'état d'urgence sanitaire mais absolument justifiée humainement. La liberté, l'amour, la fête ou la nage tout nu dans les vagues (moments propices puisqu'il n'y a plus personne sur les plages). Les comportements irrationnels de début de crise m'ont d'abord inspiré (ironie) mais j'ai revisité ma copie en appliquant à tous le bénéfice de la bonne excuse (empathie). Autant que la santé l'absurdité doit être un bien commun.


Mes deux récits commenceront donc tous les deux par la même situation, une situation présentée comme suffisamment urgente, justifiant, pour l'auteur du trouble, de braver l'interdit. Au lecteur de construire son propre point de vue, occasion peut-être de réfléchir aux travers de notre système et aux solutions apportées. Voici donc de quoi il s'agit : le personnage doit prendre une décision car il se trouve au bout de ses réserves.


Into the wild.

Je devais prendre une décision car je me trouvais au bout de mes réserves. J'avais étiré au maximum, en prenant bien soin de ne rien gaspiller, en comptant chaque jour mes dépenses, en planifiant ma consommation, en inventant des alternatives à la disparition progressive de mes stocks, en maîtrisant autant que je le pouvais les impératifs sanitaires, en optimisant mes allers et venues dans la nature afin de ne pas me retrouver dans la situation présente. Mon tort est peut-être de ne pas avoir réagi plus tôt, mais, pour ma défense, j'étais loin de croire que la situation s'éterniserait. Vu ainsi je me trouvais assez proche de notre Président que j'avais écouté à chacune de ses intervention; et, je dirais que je lui avais fait confiance. Il s'était trompé, moi aussi. Cela arrive à tout le monde, la preuve. C'est donc avec le sentiment d'avoir fait au mieux et persuadé d'être dans mon bon droit que je suis parti un matin, sac au dos ne contenant qu'une bouteille d'eau et mon porte-feuilles avec mes papiers d'identité. Je laissais mes affaires ainsi que les restes de nourriture puisque, une fois mes achats réalisés, je revenais pour, en quelque sorte, rester chez moi. Refermant derrière moi la porte du refuge je savais que j'avais deux heures de marche avant d'atteindre le premier village qui me permettrait de me ravitailler. Marchant d'un bon pas je réfléchissais à ce que j'avais vécu depuis trois semaines, ou plutôt comment j'avais vécu et je me disais que j'étais un bon exemple de confinement réussi. Aucun contact, pas de regroupement, une distanciation sociale effective, des sorties raisonnables. Bon, peut-être avais-je dépassé quelques fois les limites de l'heure de promenade, mais à peine. Je ne tenais pas à me trouver en situation scabreuse nécessitant d'appeler les secours. Je me sentais la responsabilté de ne pas venir engorger les urgences pour une entorse ou une insolation. Je m'étais donc fait prudent et raisonnable, conscient des conditions de confinement privilégiées par rapport à une partie de la population, malgré une solitude parfois pesante. C'est ce que je comptais expliquer si, par malchance, je me faisais contrôler. D'autant que, point noir de mon expédition dans la vallée, je n'avais pas d'autorisation. C'est à dire que je m'autorisais à moi-même, pour le motif de satisfaire à des achats de première nécessité, ce déplacement de plus de 5 heures mais je ne pouvais pas prouver réellement ce que je m'autorisais à commettre. J'avais longtemps réfléchi à ce problème, ce qui expliquait en partie tout ce temps perdu, mais je n'avais aucune solution à cette auto-autorisation non formalisée par un écrit en bonne et due forme. Je ne doutais pas un instant que la police, si elle me tombait dessus, me poserait moult questions. J'avais donc aiguisé mes réponses afin de faire ce que j'avais à faire sans être ennuyé. Au début de mon séjour j'avais utilisé mes réserves que j'avais estimées suffisantes pour un séjour d'une dizaine de jours en autonomie. Puis ce virus nous est tombé dessus sans crier gare, et comme je suis en domicile pas vraiment fixe j'ai pensé raisonnable de rester où j'étais. Le refuge devenait mon domicile duquel je ne devais pas sortir sauf motifs expliqués en large et en travers dans les infos. Aucun problème pour moi, je n'avais besoin de rien d'autre que ce dont je disposais déjà. Donc aucun motif de sortir des cases. De plus, si cela permettait de sauver des vies, je ne vois pas pourquoi j'aurai agi autrement qu'en respectant les règles. Après avoir utilisé tout le papier toilette que j'avais en réserve, je me suis permis de taper dans le rouleau de sopalin oublié par les randonneurs précédents sur une étagère du coin cuisine. Je sais que, se désagrègent moins vite, ce papier n'est pas très écologique, néanmoins ça dépanne. Ensuite je me suis rabattu sur le papier journal découvert au fond d'un cageot derrière le poêle à bois. C'est assez désagréable et pas franchement efficace, mais dans ma situation je ne pouvais pas faire le difficile. J'ai du me résoudre à déchirer ma carte IGN une fois les journaux épuisés. Ça m'a fait mal au cœur, il y a même une expression tout à fait adéquate au fait qu'il n'y a pas qu'au cœur que c'est douloureux, mais je ne comptais pas l'exprimer ainsi à la gendarmerie. Puis vinrent les feuilles de mon carnet de voyage. J'avoue que j'ai fait durer en alternant le plus possible avec des feuilles naturelles, en remontant le temps....les dernières pages, car le souvenir des derniers jours serait plus vivace que ceux des premiers jours de randonnée, etc. En faisant cela je me remémorais la scène du soldat qui se torche avec les pages du carnet dans lequel Kevin Cosner a pris des notes et fait des dessins, dans le film Danse avec les loups. J'avais trouvé ce soldat tellement méprisable ! En fait cela sauve la vie de Cosner et des indiens, toutes preuves ayant disparu. Comme quoi il ne faut jamais jugé personne à la va-vite. Puis de pages en pages, un jour il ne resta que la couverture. Difficilement utilisable, téméraire, je l'ai fait. Quant à la solution du feuillage, nous sommes au printemps je vous le rappelle, et en altitude, qui plus est. Il ne m'a pas été possible non plus de trouver des écorces de bouleau sur lesquelles Christopher McCandless avait eu l'ingénieuse idée de rédiger la liste des tâches ménagères à exécuter dans son bus magique. Bref, quand j'ai pris la décision de redescendre dans la vallée pour me ravitailler en PQ, je ne disposais plus d'aucun support pour écrire mon autorisation de déplacement. Je ne doutais pas un instant que les gendarmes n'en feraient pas un drame.


Dernière édition par aimetleau le Dim 19 Avr - 22:59, édité 2 fois
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aimetleau
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Proposition n°3 Empty Mortelle randonnée

Sam 18 Avr - 11:35
Après la rédaction du premier récit l'actualité m'a fourni quelques exemples de situations particulières pour lesquelles notre société si normée n'a pas prévu, volontairement ou pas, de "cases" pour y caser ceux, si discrets, qu'elle ne voit que lorsqu'ils dérangent... L'idée de récit que j'avais en tête, en rapport au titre du premier, est devenu une évidence.


Mortelle randonnée.

Je devais prendre une décision car je me trouvais au bout de mes réserves. J'avais étiré au maximum, en prenant bien soin de ne rien gaspiller, en comptant chaque jour mes dépenses, en planifiant ma consommation, en inventant des alternatives à la disparition progressive de mes stocks, en maîtrisant autant que je le pouvais les impératifs sanitaires, en optimisant mes allers et venues dans la nature afin de ne pas me retrouver dans la situation présente. Mon tort est peut-être de ne pas avoir réagi plus tôt, mais, pour ma défense, le temps nécessaire à la prise de conscience fait partie intégrante de mon cheminement. Fan de nature et de randonnée, sans emploi pour quelques mois je m'étais enfoncé dans les forêts profondes des Hautes Pyrénées pour y séjourner en solitaire et en autarcie. J'avais parfaitement préparé mon expédition, matériel de camping ultra léger, nourriture lyophilisée, barres énergétiques, vêtements sportifs, équipement d'hiver... Le challenge était de vivre en réel isolement, ce qui impliquait l'absence de téléphone, de radio, de gps et pas d'itinéraire préexistant. Les deux seuls éléments dont j'étais certain étaient la date de départ, juste après Noël et la période de retour située entre le 1 et le 15 avril. Deux semaines après mon départ j'ai eu la chance de trouver une petite cabane qui m'a permis de passer les mois les plus froids relativement à l'abri. Mes journées étaient occupées à organiser ma survie, me nourrir, me chauffer, stocker des provisions, bois, petit gibier, racines, au cas où la neige m'enpêcherait de sortir pendant plusieurs jours. Une fois ces préoccupations réglées je m'accordais des temps de balade, des rando de plusieurs heures même, et dès la nuit tombée je pouvais lire quelques heures à la lueur de bougies que j'économisais le plus possible. J'avais emporté avec moi Thoreau, Tesson, Tolstoï et Luis Sepulveda. J'annotais mes réflexions dans les marges et les pages restées blanches. Fin mars j'ai longuement médité sur un passage du livre relatant l'histoire de ce jeune américain ayant rejoint l'Alaska pour s'y perdre dans la nature. A un moment de sa vie sauvage il prend conscience que le bonheur ne vaut que s'il est partagé. A ce stade de mon expérience j'étais assez d'accord avec cette réflexion. Aussi afin de ne pas commettre la même erreur que ce garçon j'ai pris la décision de revenir sur mes pas. Bien sûr je n'étais pas Christopher McCandless, bien sûr ce n'était pas la rudesse de l'Alaska, bien sûr je ne cherchais pas à prouver la même chose que lui. Néanmoins j'avais éprouvé ce bonheur de ne compter que sur moi-même, de réussir de prendre en charge ma vie de A à Z, de tirer une leçon de chacune de mes erreurs. De plus, comme lui, j'arrivais au bout de mes provisions. J'ai donc préparé mon sac dès le lendemain et rangé la cabane. J'ai entrepris mon retour au petit matin suivant ; si la neige ne tombait pas de nouveau je savais avoir une bonne semaine de marche avant d'atteindre le premier hameau. Mais je n'ai pas pu emprunté le même chemin car l'hiver l'avait complétement obstrué par un gigantesque éboulement. Heureusement, grâce à ma carte j'ai pu tracer un nouvel itinéraire qui me conduirait très près de mon point de départ. Aucun hameau indiqué sur ce nouveau trajet laissait penser à un jour ou deux de marche supplémentaires. En redéfinissant les portions des repas je pouvais tenir ces délais. A partir du troisième jour la pluie ne m'a pas quitté, creusant les sentiers autant que mon moral. Je me couchais trempé, me réveillais au son du sinistre goutte à goutte sur la toile de la tente. Je me nourrissais de fruits secs et d'une tasse de thé tiède tant il était difficile d'allumer le mini réchaud. Je regrettais amèrement ma cabane et m'inquiétais de la traversée du cours d'eau que je devais croiser vers le cinquième jour. Dans quel état allais-je le trouver ? En crue, ravagé par un orage, impossible à traverser à gué ? Cette obsession a gâché mes dernières nuits par d'incessants réveils alternés d'affreux cauchemars. Le mauvais sort de McCandless me rattraperait-il ? Je n'étais pas encore arrivé à la rivière que je compris que je serai face à un torrent grondant sa fureur. La carte ne m'éclairait pas sur l'existence de ponts pour le traverser en sécurité à un endroit ou un autre. Il m'a fallu la journée pour explorer l'amont et l'aval avant de distinguer dans les ténèbres du soir la silhouette d'un petit pont métallique. Rempli de crainte à l'enjamber de nuit sans avoir pu repérer sa solidité j'avais encore plus de peur qu'il disparaisse pendant la nuit. Je l'ai donc traversé, malgré tout, avec prudence, le cœur battant aussi fort que les grosses pierres roulant sous les flots, posant un pied après l'autre sur ses traverses glissantes, m'accrochant aux rembardes d'acier glacé. Arrivé de l'autre côté la pluie a cessé, j'ai cherché un carré d'herbe pour y planter la tente dans laquelle j'ai glissé, tout habillé dans mon duvet. Mon estomac attendrait le petit déjeuner et les seules trois pauvres dattes rescapées de l'expédition ; qui dort dîne, soupirai-je avant de fermer les yeux. En effet les crampes de la faim m'ont tiré du lit au petit jour. Sortant de la tente à quatre pattes mon regard s'est posé sur deux paires de chaussures, puis, me relevant, deux képis, et tout à fait debout, deux gendarmes. "Présentez votre autorisation de déplacement siouplait ?" m'a demandé le plus petit. Je crois que mes véritables ennuis ont commencé à cet instant.
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Brochu Micheline
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Date d'inscription : 15/04/2020

Proposition n°3 Empty Jusqu'au jour où...

Sam 25 Avr - 20:28
Jusqu'au jour où...

Mon éducation s'était faite autour d'un principe, l'obéissance. Pas de celle commune qui consiste à s'autoriser un dosage variable selon les humeurs, non..J'avais été formé pour obéir...à... TOUT. Cela peut d'un certain point de vue paraître un peu ambitieux, je l'avoue bien volontiers, mais.je veux néanmoins insister sur cet aspect central qui a guidé à chaque instant mon existence... jusqu'au jour où ...

Ma vie a été à mon image, en harmonie parfaite avec une certaine mystique de l'obéissance, dépourvue de toute subjectivité (d'ailleurs j'ignore ce que cela signifie (!)), qui devait me conduire à une sorte de « morale » (celle des autres), élevée en principe indéfectible, inaltérable, jamais compromise en ce qui me concerne...jusqu'au jour où....

Mon obéissance se devait d'être totale et je me suis fait un devoir lorsque j'ai intégré le Service H de l’État Absolu de toujours être au degré le plus élevé. Pour mon plus grand bonheur je suis devenu l'homme aux mille et une médailles (chapeau, pantalon et veste n'y suffisent plus), cité en exemple par tous les Services (il y en a beaucoup) de l'organisation... jusqu'au jour où tout a basculé...

Un jour de mars, un brouillard s'est abattu sur ma vie, tout est devenu absurde, dépourvu de sens, sans personne à qui obéir... le désordre complet, plus rien à planifier à organiser... C'est alors que je suis devenu une proie facile et la contamination a dévoré mon corps et mon esprit d'obéissance au milieu de cet hôpital où j'ai été amené très affaibli avant d'être au plus mal... jusqu'au jour désormais plus très lointain où...

Quelques heures plus tard, transporté allongé, eu égard à ma fonction, vers un ailleurs ignoré, par des inconnus aux pardessus noirs du Service G, nous fûmes stoppés par des agents d'un autre Service ; Et chacun des autres de présenter son attestation dérogatoire de déplacement. Une terreur soudaine s'empara de moi devant cet ultime acte quasi subversif (!), de début de conscience peut être (!)... Un hurlement déchira la terre...Trop tard, j'étais mort en désobéissant !
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aimetleau
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Proposition n°3 Empty Re: Proposition n°3

Sam 25 Avr - 21:11
La longueur du texte (néanmoins annonciateur d'une ca-tas-tro-phe) est-il en rapport avec la durée réelle de l'obéissance aveugle (comment dites-vous mon amie ? mystique ? indéfectible ? inaltérable ?) dont vous êtes capable, mon amie, jusqu'au jour où ..... vous fûtes obligée d'obéir ?
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Brochu Micheline
Messages : 2
Date d'inscription : 15/04/2020

Proposition n°3 Empty Re: Proposition n°3

Dim 26 Avr - 18:59
Ce n'est pas la narratrice qui s'exprime mais un "je" masculin qui évoque l'histoire d'un homme élevé dans le culte de l'obéissance et qui meurt, comble de l'ironie en désobéissant ! On peut imaginer aisément que jamais . il n'ait eu envie de désobéir, encore faut-il pour cela avoir un tout petit peu de capacité critique. La seule pensée qu'il connaisse est celle du groupe auquel il appartient, pour lui il n'en existe pas d'autre.... L'histoire nous a fourni des exemples de ce type de personnes pour qui le groupe a servi de conscience !
Sa tragédie est  justement de mourir en sortant de cette pensée collective à laquelle il a adhéré , même plus que cela, à laquelle il a voué sa vie

Quant à la longueur du texte... c'est une petite longueur, immensément commune !
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