Début d'une nouvelle

Chapitre un: Le pigeon, le chat et l'homme au balai de paille

C'était un matin, peu après l'aube, dans le jardin d'un pavillon de la banlieue de Rennes Métropole, à la frontière du pays de Brocéliande.
Un pigeon était posé sur l'un des poteaux qui servent à tendre le fil à linge le long de la terrasse. Il tournait le dos à la maison et regardait en direction du grand cerisier gorgé de fruits. Quelques cerises bien rouges finissaient de mûrir sur le gazon.
"Prenez garde cerises, car tu vous êtes mes proies et je vous vise!"
Dans l'herbe fraiche, luisant de rosée, aucune cerise ne semblait se douter du danger qui les menaçait; elles mûrissaient insouciantes.
"Hey, Pigeon! chuchota un chat apparu on ne sait comment au pied du poteau, tu fais quoi là-haut?"
Sans monter le moindre signe d'étonnement quant à la soudaine présence du chat et sans bouger la moindre plume, le pigeon répondit sur le même ton: "Devine".
Le chat répondit du tac au tac:: "tu as l'air de réfléchir, ça fait bizarre…
- ouais c'est ça, je réfléchi... mais pas comme un pigeon.
- c'est sans doute ça qui fait bizarre
- Regardes moi bien Matou. est-ce vraiment un pigeon que tu vois?
Le chat observa attentivement le pigeon. Il se tenait figé, bien droit, le bec vers le sol et les yeux fixement ouverts. Il semblait viser quelque chose au pied du grand cerisier, comme s'il était à l'affût? Non, les pigeons ne chassent pas, se dit le chat. Ou alors, il passe trop de temps avec moi et il commence à se prendre pour un chat.
"Tu as l'air à l'affût… Tu te prends pour un chat, hasardât-il?"
- Bravo! je suis en chasse oui, mais pas comme un chat.
- Ah? et comme quoi alors?
- Comme une buse!
Le chat, auquel le double sens du mot buse n'échappait pas, ne pu retenir un rire franc et sonore. Il se plia en deux, les pattes avant sur le ventre et les yeux commençant à se remplir de larmes.
- Tais toi! gronda le pigeon le plus silencieusement possible, tu vas les effrayer!
Loin d'apaiser l'hilarité du chat, les paroles de son comparse le firent redoubler de rire. il se roula par terre et lutta pour éviter la crampe musculaire. C'était la première fois de sa vie qu'il riait autant. Le pigeon l'avait habituer au comique de situation et souvent il souriait de ses maladresses. Mais là il battait des records.
Cela faisait deux mois environ que Matou avait décider de ne pas chasser ce pigeon là; il le trouvait différent des autres jeunes pigeons qu'il boulotait à chaque printemps. Ce pigeon là avait de la personnalité et même s'il faisait de l'humour sans s'en rendre compte, il offrait au chat une compagnie rare et précieuse pour ses vieux jours.
Le chat commençait à se calmer lorsque le pigeon relança la conversation
"Sérieusement, de chasseur à chasseur: je vais faire comme si elles ne m'intéressaient pas et surgir de nul part pour en attraper une. Hein, qu'est-ce t'en dit?
- de chasseur à chasseur? demanda le chat en réprimant un nouveau fou rire, les yeux brillant de larmes et les sourcils relevés
- Ouais, de chasseur à chasseur répéta le pigeon d'un air pensif
- Et bien ça pourrait marcher, en effet je crois qu'ainsi tu ne leur laisses pas beaucoup de chance... les pauvres ceriiiiiii hihihihihi... ze."
Le chat mit toute sa volonté pour juguler le départ  d'un nouveau fou rire et le plus sérieusement du monde il dit:
"Écoute Pigeon, c'est vraiment courageux ce que tu entreprends là, excuse  moi d'avoir rit ainsi. Vas-y, je te regarde et je de donnerai mon avis."
Mais le pigeon n'écoutait déjà plus. Concentré plus que jamais, il prit son envole en se délestant d'une fiente généreuse qui macula le panier de pinces à linge accroché au poteau. Suivant son plan mûrement réfléchi, il parti dans la direction opposée au cerisier et vola loin au-delà du toit de la maison, hors de portée de vue du chat et des cerises.
Le matou alla se placer à l'abri d'un fauteuil de jardin pour attendre le retour de son confrère chasseur. Au bout d'un moment il s'assoupit.

J'ai hâte de connaître la suite de l'histoire entre ces deux-là !